Une Picte, nom de Dieu!
"Elle était là, mon vieux. Debout. Pâle comme un putain de fantôme. Je sais pas comment elle est arrivée là, vieux. Mais aussitôt qu'elle a débarqué, elle a sorti son arc. Putain mon vieux, j'ai jamais vu un arc aussi grand. Elle l'a pointé sur la foule, cette sorcière picte. Comme ça!" S'exclamait le colossal forgeron.
"– Des histoires à dormir debout. T'as encore trop bu de whisky, putain d'ivrogne." Commenta l'un des piliers de bar, lui jetant un regard oblique. "Les Pictes, ça fait quatre cent ans qu'ils se sont éteints. Paix à leurs âmes, laissons-les dans leurs tombeaux de pierres." Le Tavernier quant à lui, reposa son chiffon pour regarder le client. "–N'empêche que selon la plupart des chasseurs, ils se cacheraient dans les bois, à notre insu. J'en ai entendu plus d'un qui parlait de ces voix étranges, ces murmures que t'entends là-haut, près de la Vallée des Brumes."
Eclatant d'un rire bruyant, le forgeron se rapprocha. "Hé ben celle-là, elle a rien murmuré du tout. Mais je t'assure que si elle avait décoché sa putain de flèche, elle aurait pu transpercer de long en large un putain de sanglier. Elle est partie comme elle est venue. Personne l'a vue disparaître, y paraît. Moi je te dis que les mages, ils ont vite fait de s'en débarrasser et ils ont bien raison. Les Pictes, c'est des putain de sauvages."
Un autre rire bourdonne dans la gorge de son interlocuteur, qui lui envoya une claque amicale à l'épaule. "–Merde mon vieux, t'as la trouille! Haha! C'est pas une femme des bois qui va te faire chier dans ton kilt, non?" Le Tavernier aussi s'esclaffait, bien que son regard ne trahisse une certaine appréhension cher lui aussi.
"Fermes-la, putain de Douglas. Ces gens, ils te bouffent les tripes quand ils t'ont chopé avec leurs putain de flèches. Et ils boivent ton sang comme des Vampires. C'est pas bon tout ça, moi je te le dis." Continuait le forgeron, le silence retombant quelques instant avant que le Tavernier ne conclue.
"– Gardez les yeux ouverts mes amis. Femme Picte ou non, le Solstice d'Eté ne vient jamais sans son lot de chamboulements." Le feu crépitait dans le foyer, et ce fut le seul bruit qui se fit entendre dans la Taverne, jusqu'à ce que le forgeron s'exclame. "Tant qu'y a du whisky, t'façon!" Les rires respirent et les histoire aussi. Mais dans les maisons et les ruelles pavées, la rumeur allait bon train.